Jean Laborde, une grande figure historique à Madagascar - Détours Madagascar Voyages
Jean Laborde, une grande figure historique à Madagascar

Jean Laborde, une grande figure historique à Madagascar

16 juil. 2018

Dans les années 1830, Jean Laborde, un self-made-man français d’origine gasconne, est arrivé à gagner la confiance de la reine Ranavalona Ire et s’est vu chargé de la fabrication de fusils et de canons pour l’armée malgache ainsi que de l’industrialisation du pays. Il serait même devenu l’amant de la souveraine. Ses accomplissements font aujourd’hui partie du patrimoine malgache, entre autres le lac artificiel de Mantasoa.

Jean Laborde : un jeune ambitieux et un aventurier

 Jean Laborde est né à Auch le 16 octobre 1805 sous une étoile qui ne le prédestinait pas du tout à devenir une grande figure de l’histoire de Madagascar. Dans ses études, il était loin de se démarquer et son avenir semblait terne. Son père lui avait appris le métier de forgeron, mais l’ambitieux jeune Laborde savait qu’il n’allait pas reprendre l’entreprise familiale puisqu’il n’était pas l’aîné. Il a alors décidé de s’engager dans un régiment de dragons (militaires se déplaçant à cheval) et en sort avec le grade de maréchal des logis à 22 ans.

En juillet 1827, il annonce à son père qu’il décide d’aller chercher sa fortune dans les Indes. C’était pour lui le moyen de changer son destin puisque la France de la Restauration ne lui offrait aucune perspective à la hauteur de son ambition. Arrivé sur place, il vend avec beaucoup de succès son ballot de pacotille (offert en cadeau par son père) et réussit à fonder son propre comptoir commercial. Trois ans s’écoulent et il se montre doué pour les affaires : rusé, confiant et actif. Son plus gros marché est la fabrication de 300 trompettes pour un Maharajah.

En 1831, il décide toutefois de tout lâcher et de tout miser sur une chasse au trésor dans le canal de Mozambique en achetant le Saint Roch à un capitaine savoyard sans ressources et sans commandement. Âgé de 26 ans et assoiffé de fortune, il se retrouve en pleine mer à chercher en vain le trésor pendant sept longs mois avant de s’échouer sur la côte est de Madagascar, sur le cap de l’île Sainte-Marie. Frappé par une tempête, le navire perd ses canots et manque presque de tuer l’équipage, sauvé par un courageux Laborde qui sauta à la mer au bout d’une longue corde pour donner la voie aux autres.  

Jean Laborde : un industriel et un homme influent

 Échoué à l’embouchure de Matitanana (en face de Vohipeno), il perd tout ce qu’il a, y compris le navire qui s’était fracassé sur les rochers. Les autochtones le trouvent avec son équipage et au lieu de les tuer, les emmènent chez un vazaha (un étranger blanc) à 180 km à pied de là. Le vazaha était Napoléon De Lastelle, un riche homme d’affaires français, exploitant de la canne à sucre et faisant du commerce de bovins et d’esclaves avec les îles de Bourbon et de Maurice, avec l’autorisation de la reine Ranavalona Ire. Il faut savoir qu’à cette époque, les Européens n’étaient pas du tout les bienvenus.

Le Français offre un emploi à Jean Laborde dans sa sucrerie et se rend rapidement compte des ressources de ce dernier. Celui-ci se montre en effet travailleur et ingénieux, capable de réparer n’importe quel engin et ayant du talent pour la forge. Il se voit alors chargé d’aller à la rencontre de la reine pour la convaincre de lui confier la fabrication de fusils pour l’armée malgache. La souveraine avait déjà un accord avec un certain Jolycœur, mais celui-ci semble être dans l’incapacité de l’honorer.  

Après une longue attente et un protocole complexe, Jean Laborde arrive à Antananarivo et finit par rencontrer celle que les Français allaient surnommer « le Caligula femelle ». Celle-ci serait tombée sous le charme du jeune homme, de 17 ans son cadet, et lui cède le contrat de fabrication de fusils, et plus tard, bien plus encore. Forge, fonderie, papeterie, faïencerie, verrerie… l’industrialisation du pays est confiée à ce jeune Gascon qui semble avoir finalement trouvé son eldorado. Il devient un puissant industriel et un homme très influent, très proche de la royauté malgache.

Jean Laborde : un mari et un amant

 De Lastelle avait trouvé une femme à Jean Laborde en la personne d’Émilie Roux, une métisse. Il peut alors apprendre facilement la langue et s’intégrer à la culture malgache. Son bienfaiteur lui offre en cadeau pour l’occasion l’Encyclopédie Roret en 32 volumes. Il s’en servira plus tard pour apprendre les techniques complexes et modernes en mécanique, en industrie, en chimie, etc. Il passe sa vie loin de sa femme et de son fils (Clément Laborde, né en 1833) et reste aux côtés de la reine. Pourtant, il répudie sa femme pour adultère en 1856, la chargeant de gérer l’exploitation agricole de Lohasaha.  

Dans le livre Jean Laborde, pour l’amour d’une reine, Pierre Sogno, l’auteur, dépeint deux personnages, partenaires d’affaires et amants. Ranavalona Ire est connue pour avoir fait expulser les missionnaires anglais, pour avoir pourchassé et exécuté les Chrétiens malgaches, et repoussé avec succès la marche vers l’invasion des Français et des Anglais. Elle était réputée pour être cruelle, implacable et autoritaire, mais dans les bras de son amant, elle était aimable et sensuelle. Leur séparation semblait improbable, jusqu’à ce que les Anglais dénoncent un complot royal, accusant les Français, dont Jean Laborde, d’y participer. Il doit alors s’exiler à La Réunion en 1857.  

Jean Laborde : un consul et un symbole

 Durant son temps de gloire, Jean Laborde fait construire une cité industrielle en 1837 : Mantasoa, originellement « Soatsimanampiovana », dit « la beauté immuable ». Il imagine et réalise un lac artificiel pour régulariser le cours du fleuve Ikopa. Les barrages servaient entre autres à protéger la plaine de Betsimisaraka et ses rizières des inondations. Cet immense réservoir d’eau de 20 km² a permis de faire prospérer des ateliers de charpenterie, de fonderie, de ferronnerie, de faïencerie, de papeterie, de savonnerie... Il construit également un immense palais en bois sur l’emplacement du palais d’Andrianampionimerina : le rova de Manjakamiadana. Elle sera plus tard recouverte de pierre par James Cameron sous le règne de Ranavalona II.  

Après la mort de Ranavalona Ire en 1861, il revient à Madagascar et devient le représentant de la diplomatie française. Il est nommé le premier Consul de France à Madagascar par Napoléon III. Le roi Radama II, fils de Ranavalona, est un ami des Français et ouvrait de manière pacifique la porte du pays à la France. Ce dernier est toutefois assassiné dans son palais avec son écharpe le 11 mai 1863. Les Anglais reprennent alors l’avantage et Jean Laborde se retire désillusionné. Il tombe malade et en meurt le 27 décembre 1878. Son corps repose dans un tombeau à Mantasoa qu’il s’était fait bâtir lui-même. La reine de l’époque, Ranavalona III, lui avait fait honneur en organisant des obsèques grandioses. Aujourd’hui, tous les Malgaches qui sont allés à l’école connaissent ce personnage ! 

Vivier
29 mai 2020
Voilà un tissu d'erreurs, c'est ce qui arrive lorsqu'on recopie sans vérifier.
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RAZAFIMANANTSOA Jerson
03 août 2019
Faut il vérifier peut être que le lieu de débarquement du naufragé Jean La borde ne fut pas Matitana, de Vohipeno mais plutôt de l’embouchure du village de Mahela, District de Mananjary, là où l'encre du bateau qui l'a amené est récupéré par les résidents. Ce village est même baptisé village de Jean la Borde.
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