Ifaramalemy sy Ikotobekibo, l'immortel conte malgache - Détours Madagascar Voyages
Ifaramalemy sy Ikotobekibo, l'immortel conte malgache

Ifaramalemy sy Ikotobekibo, l'immortel conte malgache

27 mars 2020

Autrefois, au soleil couchant, petits et grands se joignaient autour d’un feu de bois qui aura servi à cuire le dîner. Dans la cours de la maison, tous s’assoient par terre, souvent les enfants se mettent sur une natte, pour écouter un "angano", un conte.

Dadabe ou nenibe (grand père ou grand-mère) est le maître de ce joyeux moment narratif offert à tous.  Même les voisinages sont conviés à ce « takariva amorom-patana » qui se veut être une causerie au coin du feu.  Attention ! Il ne s’agit pas d’un feu de camp. Le feu est ici utilisé à juste titre pour faire cuire le repas. Soit, on fait du « afo kitay », du feu de bois, soit en utilisant du foyer à charbon.

De nos jours, dans les campagnes lointaines, certains villageois s’offrent toujours ces moments de partage. Les maisons n’étant pas séparées par des murs ni parfois même des clôtures, Rakoto peut très bien traverser la cours de Rabe sans que cet acte ne soit traduit comme une infraction.

Les contes malgaches sont traditionnellement fait d'éxagération, une manière pour les ainés d'éduquer et de transmettre la sagesse aux descencants. En voici un des plus contés aux tout petits : Ifaramalemy sy Ikotobekibo.

    Ifaramalemy sy Ikotobekibo, l'immortel conte malgache    

Il était une fois un couple qui avait de nombreux enfants. Le cadet était ventripotent, ce qui lui a valu le surnom d’Ikotobekibo, et la cadette était boiteuse, d’où son surnom Ifaramalemy. Ces deux derniers ne pouvaient rien faire, au grand désespoir de leurs parents. Finalement, ces derniers eurent l’idée de se débarrasser de leurs enfants inutiles en les enterrant vivants. Plus tard, ils commencèrent à creuser un trou. Leurs cadets leur demandèrent à quoi le trou allait servir, et le couple leur répondit : « C’est pour faire mûrir des bananes ! ». Heureusement, les frères et sœurs aînés d’Ifara et Ikoto apprirent rapidement que leurs cadets allaient être enterrés vivants. Ils étaient tristes et confus et ont annoncé l’intention de leurs parents à Ifara et Ikoto le lendemain. Leurs jeunes frère et sœur leur dirent : « Si c’est le cas, nous allons fuir de peur de mourir prématurément ! ». Ils acceptèrent leur décision tout en éprouvant de la pitié pour eux. Certains d’entre eux leur offrirent même de la nourriture pour qu’ils ne meurent pas de faim en cours de route.

 

Et c’est ainsi qu’Ifaramalemy et Ikotobekibo partirent, la sœur clopinant avec une canne et le frère souffrant d’essoufflement à cause de son gros ventre. Il faisait tellement chaud que tous deux transpiraient abondamment pendant le trajet. Ikoto se sentait très fatigué. Alors qu’ils s’éloignaient un peu plus, Ikoto pleura, car il ne pouvait plus continuer à marcher. Ifara lui dit : « Viens, petit frère. Je vais te porter sur mon dos jusqu’à ce que tu reprennes des forces ! » Et elle le porta sur son dos à travers toute une prairie. Elle s’éreinta énormément en portant son petit frère tout en boitillant. Après trois jours de marche, ils trouvèrent une belle plaine et s’y arrêtèrent pour se reposer. Mais l’endroit était si accueillant qu’ils décidèrent d’y construire une petite hutte à partir de feuilles mortes, de branches et de mottes de terre.

 

Quand la hutte fut construite, ils y habitèrent tous les deux. Plus tard, Ikoto devint un maître de la chasse et, chaque fois qu’il y revenait, il ordonnait à sa sœur : « Ifara, installe la cloison ! » et ne la retirait que quand il avait fini de manger ce qu’il avait chassé. Cela rendait Ifara très triste.

  Ifaramalemy sy Ikotobekibo, l'immortel conte malgache

Photo de Angano sy Tantara - kilonga.com 

 

Mais un jour, Ifara décida d’aller également chasser, car il n’y eut plus rien à manger à la maison. Alors qu’elle avait parcouru une certaine distance, elle tomba par hasard sur la maison d’Itrimobe. Itrimobe étant absent à ce moment-là, Ifara en profita pour faire le tour de la maison et prendre de la nourriture et des fournitures pour les ramener chez eux.

Ce jour-là, Ikotobekibo continua à garder sa chasse à lui seul, mais Ifara qui l’aimait toujours n’eut pas le cœur à lui cacher le riz au lait et au miel, ainsi que l’anguille à l’huile qu’elle avait chapardés dans la maison d’Itrimobe. Quand Ikoto vit toute cette nourriture, il fut tellement impressionné qu’il décida d’y aller avec sa sœur.

 

Quand ils arrivèrent chez Itrimobe, Ikoto étant un estomac sur pattes ne put pas s’empêcher de se goinfrer. Il ne put plus se relever et Ifara ne sut plus quoi faire. Elle l’aida à monter dans le grenier à riz et lui remit une lance et un grand couteau qu’elle trouva dans la maison, en lui disant : « Quand Itrimobe arrivera, tu dois le tuer sinon il te mangera », puis elle rentra. « ÇA SENT L’HUMAIN !!! ÇA SENT L’HUMAIN !!! », grogna Itrimobe lorsqu’il rentra et monta dans le grenier à riz. Dès qu’il passa la tête à l’entrée, Ikoto le transperça avec la lance, le faisant perdre l’équilibre. Il survécut, mais Ikoto le transperça de nouveau et il tomba finalement raide mort. Itrimobe est mort ! Lorsqu’Ifara apprit la mort d’Itrimobe, elle décida d’emménager chez lui avec son frère. Ils héritèrent de tous les biens d’Itrimobe et devinrent très riches. Leurs parents en entendirent parler et vinrent les rendre visite et les amadouèrent. Ils y vécurent alors tous très heureux. Les contes sont des contes !

 

"Angano, angano, arira, arira, izaho mpitantara, ianareo mpitsentsitra."

Je raconte, vous prenez.

Traduit des textes de Ramano, Alimanaka Malagasy - 1955

 

© Détours Madagascar - 27 Mars 2020

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